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Chapitre I

 

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 1. Description physique

 

La commune d'Exoudun fait partie du centre de La Mothe-Saint-Héray et se trouve comprise en entier dans le bassin supérieur de la Sèvre Niortaise. Divisée par le cour d'eau en deux parties d'inégale surface, l'une d'elles s'étend sur la rive droite et occupe le flanc méridional du plateau de Saint-Sauvant; l'autre comprend la rive gauche et occupe l'extrémité nord du plateau de l'Hermitain. Entre les deux, une fertile et riante vallée au fond de laquelle la Sèvre roule paisiblement ses eaux claires et limpides.

Situation astronomique.

Au point de vue astronomique, cette commune est située dans la partie sud-est du département des Deux-Sèvres, entre les 46° 18' 6'' et 46° 21' 35'' de latitude septentrionale et les 2° 20' 40'' et 2° 26' 44'' de longitude occidentale.

Bornes et dimensions.

Elle confine les cantons de La Mothe-Saint-Héray et de Lezay. Ses bornes sont: au nord, les communes d'Avon et de Bougon; à l'est, celle de Chenay; au sud, celles de Chey et de Sepvret; à l'ouest, celles de la Couarde et de La Mothe- Saint-Héray.

La plus grande longueur, prise de Pied-Bâché au chemin qui relie Loubigné à Sied-Morin, accuse dix kilomètres mais elle descend à six et demi si l'on mesure de Pied-Bâché aux Justices de La Mothe Saint-Héray et à quatre seulement si l'on tire une ligne droite de Brieuil au carrefour des Sept-Chemins.

La largeur est d'autant plus variable que la commune est plus allongée et son contour plus sinueux. A l'extrémité sud, elle n'est que de 1650 mètres environ tandis qu'elle atteint près de sept kilomètres et demi de Bourleuf à Plâmé et cinq, du chemin dit de Bonne Année au Souil.

Superficie.

Ces dimensions étaient un peu plus grandes avant la Révolution car d'après plusieurs documents, le hameau du Petit Javarzay qui fait actuellement partie de la commune de Bougon, dépendait autrefois de la paroisse d'Exoudun1. Lors du remaniement territorial opéré en 1789, on ne s'en tint pas toujours aux limites des anciennes paroisses; on les modifia diversement.

Quoi qu'il en soit, le territoire communal, tel qu'il est, n'en demeure pas moins l'un des plus vastes du canton de La Mothe Saint-Héray auquel il appartient et couvre une surface de 2595 hectares.

Limites.

Quand on examine le contour, il semble que l'on ait pris à tâche, en la délimitant autrefois, de lui donner la forme la plus régulière qui se puisse rêver. Ce ne sont en effet que sinuosités, méandres, lignes droites ou courbes, que l'on a multipliés puis raccordés, tant bien que mal, au gré des caprices de l'imagination de ceux qui tracèrent ces limites.

Suivons donc cette ligne de démarcation en choisissant pour point de départ l'endroit où le petit chemin pierreux venant de Grand-Vault rejoint la route de La Mothe-Saint-Héray. Non loin, se trouve le tènement " des Justices " qui, par une amère dérision, a peut-être été ainsi dénommé à cause des injustices dont il a été le théâtre. Toujours est-il que là, s'élevaient autrefois les fourches patibulaires des seigneurs de La Mothe Saint-Héray pour compte desquels on y pendait les malfaisants ou soi-disant.

Partant de ce point, et allant vers l'est, la limite suit le talus gauche de la route, de sorte que la voie tout entière se trouve comprise dans la commune d'Exoudun; mais à peine a-t-elle franchi six ou sept cents mètres qu'elle coupe brusquement la route, emprunte un petit chemin pierreux et descend passer à un vieux carrefour, au sud du dolmen à Sept-Chemins, et revient à la route après un écart de dix kilomètres environ. Celle-ci se trouve à nouveau comprise dans le territoire d'Exoudun dont elle ne sortira plus que pour pénétrer dans la commune d'Avon et de là dans le département de la Vienne.

Jusqu'au vieux carrefour de la Croix-Longue (Crux Longa) la route se dirige vers l'est, mais la limite à emprunté, un kilomètre environ avant ce carrefour, un vieux et mauvais chemin qui la ramène ensuite audit carrefour. De là, elle s'engage à nouveau dans ce vieux chemin qui débouche à l'est du Petit Javarzay. Descendant ensuite dans les bas-fonds de Loubigné, elle traverse une région autrefois couverte de vignes, mais aujourd'hui à peu près stérile, la nature du sol ne se prêtant guère à un autre genre de culture ou ne donnant, quand on le cultive, que des récoltes de famine.

La ligne s'engage désormais à travers champs, suit le fond d'une petite vallée, pour arriver à la roche dont j'ai parlé plus haut. Elle la coupe perpendiculairement à mi-chemin entre Loubigné et Bourleuf, prend la direction du sud-est jusqu'au chemin de la Sablière avec lequel elle revient vers Loubigné, où elle prend à nouveau la route ...

Un peu avant d'arriver en face l'école de ce village, elle prend la direction du chemin rural reconnu de Loubigné à Chenay, va contourner la ferme des Gourjaudières et rejoint, au sud-ouest de cette propriété, le chemin de Brieuil à Loubigné, dit aussi " chemin de Bonne Année ". Cette dénomination de chemin de Bonne Année évoque bien dans l'esprit l'une de ces vieilles légendes, si en vogue au moyen-âge, mais j'avoue n'avoir rien trouvé pour me documenter à ce sujet.

Limite et chemin se dirigent ensemble vers Brieuil, coupent à angle droit la ligne du tramway et la route de Saint-Pompain à Couhé et, pendant que le chemin poursuit son parcours vers le moulin, la ligne de démarcation prend la direction sud-ouest, se faufile entre la double rangée de noyers qui ombragent le chemin qu'elle emprunte et arrive au village qu'elle partage en deux parties égales. L'ancien château, qui fut pendant fort longtemps entre les mains de la famille Garnier, avec toute la partie est du village, sont dans la commune de Chenay, l'autre dépend d'Exoudun.

Sortant du village, elle prend la direction sud-est jusqu'au point d'intersection des quatre communes de Chenay, Chey, Exoudun et Sapvret. Cette rencontre lui fait faire un angle un peu aigu en lui imprimant désormais la direction sud qu'elle prend avec l'ancienne voie romaine jusqu'à la chaume à Papault. Cet espace, aujourd'hui inculte, a pu être, au moment de l'occupation romaine, un point de concentration pour les légions en mouvement; c'était le carrefour où se croisaient deux " via publica " alors très fréquentées.

De là, elle se dirige à peu près en droite ligne vers le hameau de Lussaudière qu'elle ne saurait dérober à Sepvret, revient tout de suite vers Fontblanche en suivant la rive droite du petit ruisseau issu de la fontaine et, prenant le chemin qui va vers les Maisons-neuves et la Reuverserie, elle le laisse bientôt pour se diriger sur Pied-Bâché qu'elle partage inégalement entre Exoudun et Sepvret.

Sortant de ce village, elle laisse la commune de Sepvret pour côtoyer celle de la Couarde, passe à quelques centaines de mètres de Goux, auquel on a fait l'injure de lui enlever son titre de chef-lieu, suit un faux et mauvais chemin et vient couper la route de La Mothe Saint-Héray juste pour englober un petit triangle, franchit à nouveau la route, dit adieu à la commune de la Couarde pour voisiner désormais avec celle de La Mothe et descend ensuite vers la vallée de la Sèvre. Avant de franchir le cour d'eau, elle contourne les hauteurs de Bel-Air et Plâmé, traverse la Sèvre un peu en aval du moulin de Grand-Vault, emprunte le chemin escarpé et rocailleux tracé à flanc de coteau et arrive enfin à notre point de départ.

Aspect général.

Configuration. Vu dans son ensemble, à vol d'oiseau, le territoire de la commune d'Exoudun apparaît morcelé à l'infini et sillonné en tous sens par un réseau fort embrouillé de chemins qui en desservent toutes les parties. Celle située sur la rive droite de la Sèvre Niortaise est une plaine calcaire dont l'uniformité est heureusement interrompue de temps à autre par des ondulations faiblement accentuées entre lesquelles de légères dépressions laissent couler par une pente insensible, au moment des fortes pluies, de légers ruisselets, tributaires intermittents de la Sèvre qui roulent en bouillonnant leurs eaux grasses et limoneuses. Eaux fécondantes, s'il en fut qui se soient engraissées au détriment des terrains qui les ont rejetées et dont l'ensemble, réuni en un seul cours, débouche, soit au village de Baguant sous le nom d' "Accourants " ou même de " Courante ", soit au moulin de Grand-Vault où aboutit la vallée de Puy-Tabarin. La rive gauche, au contraire, offre des escarpements assez sensibles recouverts de bois de taillis où poussent, comme en Gâtine, les ajoncs, les bruyères, les genêts et les châtaigniers.

L'irrégularité de son contour ne permet pas de circonscrire le territoire de la commune d'Exoudun dans aucune figure géométrique quelqu'irrégulière qu'elle puisse être. Il faudrait imaginer un polygone des plus fantaisistes ayant un nombre illimité de côtés. 

2. DIVISIONS NATURELLES

Région des Bois.

Cette région est la plus accidentée. Formée par de petits escarpements et d'étroits vallons, l'ensemble offre l'aspect d'une suite de dépressions et de mamelons dont les derniers contreforts viennent mourir au bord même de la Sèvre.

Une longue et étroite bande de bois saillis partant de Brieuil se déroule sur le versant orienté du plateau et le couronne d'une épaisse et luxuriante verdure. Au-dessus et peu masqué par eux, on voit encore le vieux logis de la Lande, autrefois le " petit Petousse ". Non loin s'élevait aussi, il y a moins de deux siècles, l'opulent château de Petousse dont les sveltes et si gracieuses tourelles dominaient un panorama splendide.

De nos jours, où l'on tend parti de la moindre parcelle de terre, la suite de ces bois est interrompue de distance en distance par un ou plusieurs champs que le défrichement a rendus à la culture ou bien encore par un chemin que l'on a tracé. Le côté utilitaire prime le côté esthétique. Les petits boqueteaux avoisinant le Rochereau marquent la fin de cette première ligne boisée. Mais à quelques centaines de mètres plus avant, et sur le bord même de la vallée, à partir de Planche, une nouvelle lisière de bois taillis recouvre par endroits les coteaux pierreux dont la pente rapide ne se prête point à la culture. Ici, c'est la garenne Roche qui, du XIII° à la fin du XVIII° fut entre les mains de l'abbaye des Châtelliers à laquelle les sires de Rochefort en avaient fait don; plus loin, c'est le pied du prieuré d'Izarnay dans lequel on voyait, il y a quelques années seulement, un cerf et quelques chevreuils mais que l'exiguïté de la clôture n'a pas permis de pouvoir conserver. Ce parc vient d'être défriché et planté en arbres fruitiers. A signaler enfin, les coteaux de Bel-Air et le promontoire élevé de Plâmé.

En suivant maintenant le chemin qui relie Exoudun à Pied-Bâché, par le Quairault et Fontblanche, nous pénétrons au coeur de la région. A droite de ce chemin, voici la petite fontaine de Rochereau dont le nom pourrait se traduire par " eau de rocher ". Le chemin monte péniblement la pente raide tracée entre les coteaux boisés qui le surplombent de chaque côté. Il est jalonné de temps à autre par d'énormes blocs d'un grès siliceux, dur comme le fer. De la mare de Petousse, placée au faîte de la montée, on arrive promptement à la route de Saint-Maixent à Ruffec, seule voie importante qui avec celle de La Mothe à Melle, traverse cette partie de la commune. Bordée par des haies touffues, elle ressort vigoureusement en été sur ce fond de verdure et se déroule comme un large ruban éblouissant de blancheur.

Bons nombres de chemins d'exploitation sillonnent ensuite la contrée en tous sens. La plupart sont à moitié couverts par les branches des arbres et revêtent en hiver, un caractère sombre et triste. Pendant la belle saison, ils font en revanche la joie des promeneurs car on y trouve un frais ombrage, un épais tapis de fleurs et de verdure, une solitude agréable qui n'est interrompue que par le chant du rossignol, le roucoulement de la tourterelle ou le cri-cri des grillons.

De faibles éclaircies entre les branches trapues des châtaigniers et les rameaux grisâtres des chênes têtards permettent de distinguer la toiture de quelques maisons disséminées au milieu de cette verdure. Ici, c'est le Souil qui occupe le point culminant de la contrée; non loin, la métairie de la Sibaudière, ancienne propriété des Bénédictins de La Mothe; puis la Tresse et le Quairault qui sont en plein bois et dont l'entourage rappelle la physionomie de l'ancien bocage vendéen. Placé semblablement, la Bourdonnerie, Massient, la Maisonnette disparaissent derrière l'entrecroisement des branches.

L'antique Fontblanche se distingue par une plus forte agglomération; on pourrait presque y rattacher les Princhardries. Quand aux Branges et à Pied-Bâché, ils sont absolument isolés: Pied-Bâché surtout est aux confins de la commune.

La nature du sol de cette région est silico-argileuse. C'est une terre offrant des ressources à qui l'exploite bien. La couche arable est épaisse; on y trouve de nombreux " chails "2 de nature siliceuse qui fournissent pour les chemins un parfait empierrement.

Le sous-sol est argileux et froid; il conserve à la terre une fraîcheur bienfaisante pour les année sèches. Toutes les céréales y croissent abondamment et les légumes y réussissent d'une manière fort satisfaisante, surtout si l'on a soin d'amender le sol avec de la chaux.

On n'y trouve qu'un seul petit cours d'eau et peu de sources; en revanche, beaucoup de puits et de mares.

Région de Loubigné ou de la Plaine.

Cette deuxième région comprend la partie nord-est de la commune et s'étend sur toute la rive droite de la Sèvre. Moins accidentée que la région des Bois, il s'y rencontre cependant ça et là des escarpements assez sensibles. Ce sont, vers les Chaumes et Brisollant, les coteaux faisant pendant à ceux de la rive gauche de la vallée puis, entre Loubigné et Avon, des vallons assez élargis mais peu profonds, séparés par des mamelons écimés et arrondis.

Une portion de Brieul, Bagnault, Exoudun et Loubigné se trouvent bâtis dans cette région.

D'Exoudun à Grand-Vault, le plateau des Chaumes s'élève au-dessus des coteaux abrupts qui enserrent la vallée et laisse voir à sa surface des roches énormes dont la structure imposante révèle la puissance des assises qui se voient en face le moulin Roche. Les flancs en sont couverts de bois taillis tandis que le sommet ne nourrit que quelques graminées rabougries, des orpains et d'autres petites plantes dont la teinte glauque et la mine étiolée lui donnent un aspect dénudé rendu plus triste encore par le voisinage de la vallée de la Sèvre.

Allant ensuite vers Loubigné, c'est le calvaire pierreux reposant sur un sous-sol de même nature. Si l'on ne tenait compte de quelques petites dépressions et de deux ou trois bois taillis qui viennent en modifier l'aspect, cette région serait une plaine dont la pente légèrement inclinée vers le sud viendrait mourir au lieu même de la Sèvre.

Sillonnée par des chemins plus nombreux que bien entretenus, on remarque cependant que plusieurs sont, à l'encontre de ce qui existe en pays de plaine, bordés par des haies vives et de nombreux noyers. Toutefois ils n'ont plus cet aspect bocageux et couvert que l'on constate aux alentours des Granges et de Fontblanche.

Entre Loubigné, Bourleuf et Javarzay se trouvent les bas-fonds qui marquent les confins de la commune. L'argile s'y trouve à fleur de terre et forme des terrains imperméables dont la culture ne se fait qu'au prix de grandes difficultés.

Le village de Loubigné est le seul qui se rencontre dans cette partie de la commune; il est étendu et n'offre rien de particulier; quelques maisons accusent de la vétusté, mais leur construction est toute rustique. Une seule voie importante contribue à donner un peu de mouvement à cette localité: la route de La Mothe à Saint-Sauvant. Puis, en différentes directions, des chemins ruraux ou d'exploitation qui convergent en général vers le village.

De cours d'eau, point. Aussi, en été, les puits bien rares hélas! - les citernes et les mares ne suffisent pas toujours à l'alimentation des personnes et des animaux. Il faut alors recourir soit aux fontaines de Bagnault, soit à celle d'Exoudun; l'unique possédée par le village étant elle-même privée d'eau par les années sèches.

La terre, de nature calcaire, dans la majeure partie de cette région est une terre légère, faible dénommée " petite groie "3 et d'un assez bon rapport par les années humides. Elle demande de bonnes façons culturales et des engrais abondants. C'est elle qui nourrissait autrefois le blé avec lequel on fabriquait les minots si réputés de Bagnault. De nos jours encore, les céréales qui s'y récoltent jouissent d'une réputation méritée sur les différents minages des environs.

Vallée de la Sèvre.

De Brieuil à Bagnault, la vallée de la Sèvre est peu encaissée; c'est par une pente presque insensible que les égouts des terrains environnants rejoignent le niveau le plus bas pour se déverser dans le lit du cours d'eau au moment où il est nettement défini, c'est-à-dire à Bagnault même. Car il est bon de dire que par la suite d'un phénomène géologique que l'on voit se répéter en d'autres lieux, la Sèvres, qui de Fontbedoire à Brieuil, coule sans que sa marche soit entravée, disparaît sur un parcours d'un kilomètre un peu en amont du moulin de Brieuil jusqu'à Bagnault, la vallée est privée de son cour pendant plusieurs mois de l'année - quelquefois dix ou onze sur douze - mais nonobstant ce manque d'eau, les prairies que l'on rencontre n'en demeurent pas moins très fertiles et pourvues d'une humidité suffisante pour se couvrir à chaque printemps d'une végétation luxuriante.

Les fontaines de Bagnault, par leur débit considérable et ininterrompu, reforment le cours d'eau. Il serpente entre une double rangée de murs jusqu'à la fontaine de Thuet dont l'appoint important double son volume et sa largeur. Commencent alors à apparaître les prairies bordées de hauts peupliers et sur la rive gauche, de Thuet à la Merlattière, les coteaux boisés dont la pente inclinée vient mourir à quelques mètres du rivage. La rive droite est moins escarpée; elle comprend que des prairies et terrains que leur pente, parfois assez raide, n'empêche pas cependant de pouvoir cultiver.

De très vieux et nombreux moulins sont échelonnés sans la partie supérieure de notre petit fleuve. Voici d'abord le moulin de Brieuil, en la commune de Chenay, dénommé autrefois " Moulin de premier ", puis Moulin-Neuf entre Bagnault et Exoudun; le moulin de Crémille s'offre aux regards en face la station des tramways; il était autrefois des dépendances de Boissec; le moulin Planche, situé non loin de la fontaine Bouillante, dépendait de la Seigneurie de Petousse; le moulin de Roche aux mains de l'abbaye des Châtelliers; les moulins d'Izarnay affectés l'un à la Place Forte et l'autre à la Seigneurie de la Croix et enfin le moulin de Grand-Vault.

De la Merlattière à Planche, l'escarpement des deux rives s'atténue, la vallée s'élargit pour se rétrécir brusquement en face le moulin Roche. C'est dans ce fond de cuvette que se trouve bâti Exoudun. Ses maisons s'étagent sur les versants nord et sud pendant que ses jardins, fixés de préférence au bord du cours d'eau, donnent des produits très appréciés. Les arbres fruitiers de toutes sortes croissent un peu au hasard: dans les cours des habitations, dans les jardins et même sur le bord des chemins.

La superbe Fontaine Bouillante sort au pied des rochers qui dominent le moulin de Planche; elle augmente d'une manière très sensible le cours de la rivière et son apport semble être en même temps le point de départ d'une recrudescence de la végétation. Sur chaque rive, il y a de a de fertiles prairies au-delà desquelles se dressent: à droite, la garenne de la Croix et les coteaux de Brisollant, à gauche, la garenne de Roche, les hauteurs avoisinant Izarnay et les escarpements de Bel-Air faisant face à Grand-Vault.

De Roche à Grand-Vault la vallée s'élargit progressive-ment, au fur et à mesure semble-t-il, que la rivière croît en importance. Une double ou triple rangée de peupliers élevés borde ses rives qui nourrissent de nombreux saules ou de fortes cépées d'aulnes sous lesquels serpente le cour d'eau. Ce tapis de verdure rayé par la surface miroitante des eaux, ces maisons dont les blanches façades se reflètent gracieusement dans la transparence de l'eau, l'encadrement formé par les coteaux boisés qui s'élèvent ça et là, cet ensemble, d'une suave harmonie, fait de cette vallée l'un des sites les plus beaux et les plus pittoresques de la contrée.

La terre productive de la vallée est de nature humifère. Due aux apports successifs des eaux et à la décomposition des matières végétales, elle a une teinte brune qui annonce la richesse en principes nutritifs et par suite la fertilité. Une seule partie, les marnes d'Izarnay, souffre de l'abondance des sources. La terre y est molle, fangeuse et ne nourrit que des joncs, des careses et autres plantes affectionnant ce genre de terrain. Peut-être dans quelques années aura-t-on drainé et assaini cette portion de terrain par trop marécageuse.

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(1) La plupart des actes de l'état civil de la paroisse d'Exoudun, de 1660 à 1789, se rapportant à des personnes de Javarzay, mentionnent cette localité comme étant comprise en la paroisse d'Exoudun. De plus, certains actes dressés par les notaires de l'époque indiquent, notamment à la date du 3 novembre 1608, " Jacques MARTINEAU, tailleur d'habits à Javarzay, paroisse d'Exoudun " puis le 23 février 1662 " le petit Javarzay étant de la paroisse d'Exoudun ". (Ma collection)

(2) Terme usité dans la contrée pour désigner les concrétions silicieuses qui se rencontrent très communément. Vient, sans doute, du latin callis qui signifie caillou.

(3) On désigne dans la contrée sous le nom de petite groie un terrain léger rempli de petites pierres. Ce mot groie viendrait de celtique graing ou graig qui signifie petites pierres. Dix-sept villages, hameaux ou fermes des Deux-Sèvres ont emprunté leur nom au mot groie.


Chapitre II


 

Relief du sol

 

Collines et coteaux.

Si l'on jette un coup d'oeil sur une carte en relief du département des Deux-Sèvres, on remarque tout de suite une chaîne de collines qui le traverse du sud-est au nord-ouest. Cette chaîne venant de l'Enclave de la Martinère et de Sepvret pénètre simultanément dans la commune d'Exoudun et dans le canton de La Mothe au village de Fontblanche où elle a une altitude de 172 mètres. Elle s'étend ensuite en largeur, forme le plateau de l'Hermitain, envoi des contreforts jusque vers Brieuil et forme les coteaux de la Lande, Petousse, Pied-des-Vignes et Plâmé. Ces coteaux, traversés en maints endroits par de petites vallées d'érosion constituent le versant nord-est du plateau de l'Hermitain.

Le point culminant de la contrée se trouve sur la limite extrême de la commune, non loin du Souil et à quelques mètres seulement de la route de La Mothe à Melle. On l'appelle Signal; il accuse une altitude de 182 mètres. Ce niveau décroît sensiblement aussitôt que l'on avance dans la vallée. Il n'est plus que de 156 mètres à la Tress, 119 sur les hauteurs de Roche et 111 à Exoudun, altitude prise dans la partie la plus élevée du bourg, aux Granges.

Remontant ensuite vers Loubigné, le niveau moyen de la plaine est de 125 mètres environ au-dessus de celui de la mer. Il atteint 130 mètres non loin du village et 136 au point le plus élevé: soit 46 mètres au-dessus du Signal.

L'examen de ces chiffres nous montre que les différentes altitudes qui existent entre les points extrêmes que je viens d'indiquer sont peu importantes et ne peuvent accuser que de faibles dénivellations. C'est entre Exoudun et Grand-Vault que se rencontrent les coteaux les plus abrupts et les plus escarpés bien que leur sommet ne domine pas le niveau de la rivière de plus de trente mètres.

Vallées.

La principale est celle de la Sèvre dont j'ai déjà parlé et à laquelle aboutissent d'autres vallées secondaires de moindre intérêt.

L'une d'elles, situées à l'est de Bagnault, prend naissance au Breuil de Chenay. Peu encaissée, elle suit une direction parallèle au vieux chemin qui relie ces deux villages. Elle ne comprend guère, dans sa partie la plus basse, que des prairies naturelles qui reçoivent en hiver, ou au moment de forts orages, tout l'excédent d'eau provenant des terrains avoisinants. Malgré cet apport d'humidité et de matières fertilisantes, les prairies en question souffrent de la sécheresse par des étés brûlants. Le sous-sol sur lequel elles reposent étant de nature pierreuse ne conserve pas cette humidité indispensable à la végétation.

La vallée de Vauvredon est située auprès d'Exoudun et débouche, comme la précédente, dans celle de la Sèvre. C'est un simple vallon, j'allais dire un large fossé boisé sur chaque flanc, au moins dans l'une de ses parties, et au fond duquel coule, par de rares intermittences, un maigre filet d'eau.

A l'époque où la Sèvre se perdait au milieu de marais, sans avoir de lit nettement tracé, c'est-à-dire antérieurement au cinquième siècle et à l'époque où le lac de Vauclair couvrait toute la vallée de Saint-Maixent à Exoudun, ce vallon ainsi que le pré de Crémille dans lequel il aboutit, était entièrement submergé. Chaque année, dans les premiers jours du printemps, la montée des verrous s'effectuait dans ce pli de terrain qui, par sa disposition naturelle, se trouvait exposé en plein soleil et à l'abri de tous les vents froids du nord et de l'est. Le mot de " Vaux-Vredon " ou encore " Vauvredon " n'a pas, je crois, d'autre origine car il est à remarquer que, dans le pays, on désigne les verrous sous le nom de vredons.

A une époque très reculée, la mer jurassique recouvrait cette vallée; on y rencontre à chaque pas de nombreux fossiles et principalement des pierres percées par les phollades (phollas dactylis).

Enfin, une dernière vallée, celle de Puy-Tabarin, prend naissance au nord de la garenne du Velours et débouche à Grand-Vault. C'est une vallée généralement sans eau dont les flancs partiellement couverts de bois taillis sont pierreux, rocailleux même en certains endroits, ce qui les rend brûlants et arides en été. Son encaissement augmente au fur et à mesure que l'on se rapproche de Grand-Vault.

Ces vallées sont maintenant des vallées sèches ou mortes parce que l'élément liquide, auquel elles empruntaient la vie et la fertilité, a disparu pour toujours. Agent principal de leur formation, il a abandonné, depuis bien des siècles, le parcours qu'il s'était tracé et dont la largeur et la profondeur étaient proportionnées à son impétuosité et à son volume d'eau primitif. Il faudrait désormais creuser à une certaine profondeur, dans l'axe même de la vallée pour découvrir le courant devenu souterrain, avec un débit extrêmement réduit, qui se dirige encore vers la Sèvre.


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