Index / Triaud-Blondeau.5

Georges TRIAUD (323° RI)

 

 

19 août.

Départ à 4 h du cantonnement dans la direction du nord. Rentré en Lorraine-Annexée à Brin. Passons à Bioncourt en Saulnaie, premier village allemand et gagnons Fresnes par la forêt de Gremecey. Cantonnons à Oriocourt (35 km de Metz) à 7 h du soir. Pas de vivre. Gîte épouvantable (45km). La division de réserve (68°) est flanc-garde gauche du 20° corps. Nous sommes donc en première ligne.

20 août.

Ce matin, au réveil, entendu le canon et pour la première fois le fusil. Nous avons enfin vu le feu!! La fusillade entendue ce matin était fournie par le 257° qui se trouve aux avant-postes. L’ennemi a une artillerie formidable et nous presque rien. Le 257° recule et toute la division se met en ligne. Il est 10 h 40, les obus éclatent partout autour de nous, surtout à la sortie de Oriocourt. Nous reculons en ordre, criblés par l’artillerie. Les fantassins ennemis sont insignifiants. Le village que nous quittons est bombardé. Enfin vers 3 h de l’après midi, le 14° d’artillerie vient à notre secours. Nous dînons au milieu des éclats d’obus. En nous dirigeant vers Fresnes où nous fûmes parqués, 4 ou 5 régiments, nous voyons les dégâts faits par les canons allemands. Les villages sont en feu, de nombreux morts et blessés gisent dans le fossé (horrible). Nous nous endormons à 10 h. Pas de vivres.

Tout va bien jusqu’à présent. Nous sommes à 25 km au sud de l'endroit où tu es née (Metz). Le canon tonne et ce matin on entend même le fusil, je crois que c’est pour aujourd’hui. L’entrain est toujours bon quoiqu’une longue marche faite hier ait fatigué les hommes...................

Eugêne BLONDEAU (206° RI)

 

 

19 août

Journée mémorable, nous sommes entrés ce matin en Allemagne par la Lorraine, par une petite ville nommée Brin. Nous nous sommes avancés à environ 15 kilomètres sans rien rencontrer que des soldats français. Les troupes allemandes ont été repoussées plus loin par nos troupes de couverture. Nous entendons le canon à environ 10 kilomètres.

Le pays a l’air assez riche. Les gens nous font bonne mine en général. Bien des fermes sont abandonnées, certaines ont été incendiées.

Nous avons rencontré le 114° de ligne qui va partir à Nancy et, de là, en Belgique ainsi que le 20° d’artillerie.

Nous sommes éreintés. Il est cinq heures du soir. La nuit dernière nous avons pris les avant-postes, donc pas dormi. Ce matin, partis à cinq heures, nous avons fait plus de 30 kilomètres et comme nourriture, du pain sec, bien sec même et pas de vin. Le plus embêtant c’est que nous sommes au bord d’une route, craignant l’ennemi et ne sachant pas si nous mangerons ce soir, ni si nous aurons un peu de paille pour dormir. Je crois que nous allons commencer à combattre demain ou après demain.

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