Index / Triaud-Blondeau.3

Georges TRIAUD (323° RI)

 

11 août

Voyage: Niort, Saumur, Blois, Tours, Orléans, Montargis, Sens, Troyes, Bar-sur-Aube.

Entre Troyes et Bar-sur-Aube. Mardi 11 août, 18 heures.

Jusqu’à présent ne t’inquiète pas, nous allons très bien quoiqu'ayant une chaleur épouvantable. Nous ne savons pas encore où nous allons.

Ce ne sont sur notre passage que des ovations enthousiastes. D'ailleurs, pendant notre trajet à La Rochelle, les jeunes filles nous donnaient des fleurs. C’était très émouvant.

Notre train est tout pavoisé comme du reste tous les autres trains qui sont légions. Je n’aurais jamais supposé un pareil déploiement de force.

Les trains se suivent si près qu’au même point il en passe 15 dans une heure. Les trains contiennent tous 1.000 hommes. Tu vois le nombre de soldats. Toutes les gares sont encombrées et l’on attend des heures avant d’entrer sous les marquises, mais les trains marchent vite.

Nous aurons eu au moins 35 heures de chemin de fer, par cette chaleur c’est fatiguant.

Je confie cette lettre à une dame de la Croix Rouge qui dans les gares donnent à boire aux soldats.........

P.S. Nous sommes déjà très sales.

12 août.

Toul, Frouard, Nancy.

Arrivée à 7 h du matin (Jarville). Le canon tonne au-delà de la frontière. Installation au cantonnement à 2 km de Nancy (ferme de Montet).

13 août.

Cantonnement au même endroit toute la journée, à coté de 4 escadrilles d’avions.

14 août.

Les allemands bombardent Pont-à-Mousson

 

Eugêne BLONDEAU (206° RI)

 

11 août

Nous venons d’arriver à Nancy après 43 heures d’un voyage éreintant. Nous sommes passé par Saumur, St-Pierre des Corps, Montargis et Nancy. A partir de Troyes, la campagne est intéressante, des collines à perte de vue dont beaucoup sont couvertes de vignes qui produisent le vin de Champagne, des cours d’eau, des rivières où coule une eau très claire et limpide. Nous traversons Nancy pour venir nous cantonner dans un petit village nommé Clairlieu, tout près du poste d’aviation. Nous sommes très mal.

 

13 août

Nous n’avons rien fait depuis deux jours. Nous entendons le canon presque continuellement. Les aéroplanes vont et viennent tout le temps. Des nouvelles invraisemblables circulent. Ce qui m’ennuie le plus, c’est que nos lettres ne partiront sans doute pas car il faut, parait-il, que l’on ignore où nous sommes. Je trouve ça absurde.

14 août

Nous sommes sortis 2 heures ce matin faire une petite marche d’entraînement, nous venons de rentrer. On nous annonce que nous partons ce soir, heureusement. Ici on ne trouve rien ou presque. Le fermier où nous sommes a une tête d’Allemand et nous refuse le moindre service. Défense de sortir, on achète difficilement du vin et on n’en touche pas des compagnies. La nourriture est bonne et suffisante.

 

Triaud-Blondeau.3 / Index