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Essai

de monographie de la commune d'

EXOUDUN

( de l’origine à 1800 )

 

par F. DUBREUIL

membre de la Société des Antiquaires de l’Ouest,

de la Société des Archives historiques du Poitou

de la Société historique des Deux-Sèvres

-1935-


 

 Par l'étude du passé, on échappe au présent,

à ses inquiétudes, à ses fatigues, à ses dégoûts

 

Ce modeste travail est le fruit de longues et patientes recherches dont le point de départ remonte à une quarantaine d'années. Ne pouvant y consacrer que les rares loisirs que me laissait une vie autrement occupée, je dois avouer cependant que ces recherches, difficiles parfois et toujours laborieuses, m'ont procuré bien des jouissances et, le plus souvent, un heureux dérivatif aux pénibles épreuves que j'ai traversées.

On ne saurait évidemment trouver dans les pages qui suivent, une suite ininterrompue dans laquelle les faits s'enchaînent et se succèdent selon les règles de la chronologie historique; aucun annaliste n'a eu soin de noter jour par jour ou époque par époque, les événements dont notre vieille localité a été le théâtre. Ce ne sont donc que des notes éparses, coordonnées tant bien que mal, et plutôt mal que bien, mais qui ont toutefois le mérite d'être d'une rigoureuse exactitude. Toutes ont été puisées à des sources qui sont un sûr garant d'authenticité: Archives historiques du Poitou, Archives départementales des Deux-Sèvres et de la Vienne, Manuscrits de la bibliothèque publique de Poitiers, Mémoires des Antiquaires de l'Ouest et de la Société de statistique des Deux-Sèvres, Minutes des notaires de la région, Registres de l'Etat civil, Anciens actes faisant partie de ma collection et autres qui m'ont été communiqués, etc.....

Conscient malgré tout des omissions nombreuses, des erreurs inévitables, des défectuosités qui font de ce travail une entreprise quelque peu hasardeuse, ma seule excuse est de n'avoir eu, en me livrant à cette besogne, que d'autre but que de laisser après moi des matériaux qui pourront faciliter l'oeuvre de reconstruction historique de cette petite patrie, oeuvre à laquelle j'ai le regret de ne pouvoir plus consacrer, dans un âge trop mûr, qu'une activité défaillante.

Je ne puis m'empêcher d'exprimer ici un regret: c'est que les personnes qui détiennent encore des parchemins ou autres, le plus souvent indéchiffrables et inintelligibles pour elles et relégués au fond d'un tiroir ou dans un coin de grenier ne me les aient pas communiqués. Avant que la dent des rats et les intempéries auxquelles ils sont exposés n'en aient achevé la destruction, je me serais efforcé d'en extraire ce qui pouvait être intéressant pour l'objet que je poursuis;

J'ai lu et relu bien des fois les quelques parchemins et les feuilles poudreuses qui constituent ma faible collection afin d'en exhumer des faits depuis longtemps ensevelis dans l'oubli, des noms qui semblaient devoir demeurer à tout jamais dans la poussière des tombeaux.

Tous ces anciens vestiges du passé: vieux actes notariés, vieux livres de raison ou de comptes, vieilles médailles ou monnaies, vieilles armes, vieux objets de toute sorte, témoins inconscients de la vie intime de nos ancêtres, nous font connaître d'une manière indirecte, mais pourtant réelle, la rude existence de ceux qui nous ont précédés sur ce sol et dans le sein duquel reposent depuis de si longues années leurs restes inanimés. J'estime que c'est faire oeuvre de piété filiale que de recueillir ces objets, de les réunir en une sorte de musée local ouvert à chacun et de les préserver ainsi d'une destruction inévitable. C'est vouloir faire revivre en quelque sorte un passé qui s'efface de plus en plus dans la nuit des temps, c'est vouloir retracer un tableau fidèle et souvent attristant hélas! De la condition misérable de nos vieux pères, de leurs us et coutumes; c'est, en un mot, essayer de lever un coin du voile épais derrière lequel se cachent les faits et gestes de ceux qui ont vécu dans ce milieu au cour des siècles qui ont précédé le nôtre.

Aux personnes qui ont bien voulu mettre à ma disposition leurs papiers de famille, à celles qui m'ont fourni des renseignements quelconques, j'adresse mes vifs remerciements. Je dois surtout à l'obligeance de Madame Corneille, fille de feu le docteur Prouhet, qui a bien voulu me permettre de consulter les ouvrages et les notes du cabinet de son père, une partie importante de cette monographie. Je lui exprime ici toute ma gratitude.

 

 

On pourra peut-être me reprocher d'avoir donné un développement exagéré aux chapitres concernant l'aspect général, la flore et la faune, d'avoir reproduit un trop grand nombre de documents: -luxe de citations, indigence de fonds,- pourra-t-on dire, j'en conviens. Rechercher, noter, transcrire tel a été mon principal souci, laissant à une plume plus autorisée la tâche de mieux utiliser ces matériaux.

Toutefois, j'estime avoir fait oeuvre utile en retraçant aussi fidèlement que possible la physionomie générale actuelle de cette commune dont les limites peuvent encore être modifiées par les événements politiques et dont l'aspect peut être transformé par des phénomènes d'origine sismique ou par la volonté des hommes. J'aurais été heureux de pouvoir me reporter à une description similaire datant de deux ou trois siècles. Elle eut été des plus intéressantes à consulter et m'eut permis d'établir une comparaison à laquelle j'ai du renoncer.

Quand aux documents transcrits, soit en partie, soit en totalité, je crois que plusieurs d'entre eux seront plus tard introuvables, aussi les ai-je reproduits pour que l'on puisse s'y reporter le cas échéant. Ayant même omis pour quelques-uns d'entre eux d'indiquer la source de leur provenance, j'ai tenu à réparer cet oubli en mentionnant en marge leur lieu d'extraction.

Je n'ai pas eu l'intention de faire un livre destiné à l'impression ni susceptible d'être répandu. Cette sorte de préface n'avait jamais été envisagée, mais comme il pourrait se faire que cet essai de monographie, destinée à dormir au milieu de mes livres, au moins pendant mon vivant, tombât un jour en des mains étrangères, j'ai cru devoir donner les quelques explications qui précédents.

Pamproux le 15 juin 1935

F. DUBREUIL


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