Généalogie / Descendance Boieldieu / Quevauvilliers

Qui étaient mes ancêtres..........

La Famille BOIELDIEU

 

La famille Boieldieu, de souche picarde, était originaire du village de Quevauvilliers, près d'Amiens (1) . Un terrier de la seigneurie de Quevauvillers, daté du 6 avril 1529, porte déjà la signature d'un Anthoine Boielledieu (2) . Des Coustumes Localles mentionnent également un Boielledieu, à Quevauvillers en 1567 (3). Toutefois, l'absence de documents ne nous permet pas d'établir une généalogie exacte de la famille avant le dernier quart du XVII° siècle (4).

La plupart des Boieldieu mentionnés dans les Registres Paroissiaux de Quevauvillers, exercent la profession de "passementier". Quelques autres cultivent la terre (5). Un seul, Joachim Boieldieu, s'écarte de la tradition familiale, et devient "maître de danses et joueur d'instruments à Amiens". Il atteint même à une certaine notoriété, et vers 1750, porte le titre de "lieutenant du roy des violons du royaume, pour la ville et juridiction d'Amiens" (6).

Jean Boieldieu (7) trisaïeul de notre musicien rouennais, et Joachim Boieldieu, son bisaïeul, passent toute leur existence à Quevauvillers. Ce dernier, né le 23 mars 1688, épouse, le 27 novembre 1706, Marie Mortier, de laquelle il a eu neuf enfants. Le troisième, Adrien -grand-père du compositeur- , né le 20 juillet 1712, vient se fixer à Rouen à l'âge de trente-deux ans. Le 21 juillet 1744, il épouse la Rouennaise Barbe-Rose Manoury (8), et fonde la branche normande des Boieldieu. Exerçant à l'archevêché de Rouen les modestes fonctions de "huissier de la chambre du Clergé" (9), il élève cependant une famille de treize enfants, dont dix vivent encore lors de sa mort, le 1° octobre 1762 (10). La plupart restent d'obscurs artisans (11). Trois seulement parviennent, à force de travail et d'énergie tenace, à s'élever au-dessus de leur humble milieu familial. D'abord, Jacques-François-Adrien, le second enfant de la famille, né le 18 novembre 1746 (12) et père de notre musicien. Le 10 mars 1772, il épouse, à l'église Saint-Etienne-de-la-Ronde, Anne-Marguerite Dumouchel, "fille de Paul-Louis et de dame Marie Anne Métayer, de cette paroisse" (13). En 1775, il figure comme "commis" dans le personnel du secrétariat de l'archevêché (14). A partir de l'année 1784, jusqu'en 1790, il exerce, comme autrefois son père, les fonctions d'huissier de la Chambre Ecclésiastique, et touche 90 livres d'appointements annuels (15). Il s'intéresse vivement au théâtre, se produit comme comédien amateur (16), et tente même en 1793 et 1795, ainsi que nous le verrons plus loin, d'aborder la carrière d'auteur dramatique. La fermeture des églises, sous la Révolution, lui fait perdre sa place à l'archevêché. Il s'essaye alors, mais sans succès, au commerce. Ayant divorcé le 23 mars 1794, il épouse, l'année suivante, Hortence-Chantal Mollien, soeur du futur ministre du Trésor de Napoléon. Grâce à sa nouvelle famille, il devient chef de bureau à la Caisse d'amortissement, à Paris, où il meurt le 13 janvier 1822 (17).

Son frère François, né le 24 octobre 1747 (18), choisit la carrière ecclésiastique. Ordonné prêtre en 1771 (19), il devient vicaire à la paroisse Saint-Nicolas, puis curé d'Allouville (Seine Inférieure), et de Saint-Vivien, à Rouen, en 1802 (20). C'était un homme cultivé, intelligent, "prédicateur distingué" (21), et avec qui son neveu Adrien entretiendra toute sa vie d'affectueuses relations. Le musicien assurera l'existence de son vieil oncle, devenu infirme et retiré à l'hospice du Havre, jusqu'à sa mort, en 1832 (22).

Plus jeune que les deux précédents, Marie-Jacques-Amand, onzième enfant de la famille, né et baptisé le 29 novembre 1757 (23) était certainement le plus doué et le plus intelligent de tous. Reçu en 1782 avocat au parlement de Normandie, il consacre ses loisirs à la littérature. Parmi ses nombreux ouvrages, très inégaux, et qui portent fortement la marque de leur temps, on peut encore consulter avec intérêt, aujourd'hui, son étude intitulée: De l'influence de la chaire, du théâtre et du barreau dans la société civile (Paris, 1804), et son Discours sur la Mélancolie (Rouen, 1818) (24). Etabli à Paris en 1816, il participe à la vie politique. Il y meurt le 5 août 1844 (25).

 

La naissance de François Boieldieu, compositeur de musique.

Dans un étroit logis de la rue aux Ours (26), à Rouen, venait au monde le samedi 16 décembre 1775, le premier enfant d'un modeste ménage, les Boieldieu (27). Le lendemain, en l'église Saint-Pierre-du-Châtel (28), "fut baptisé, du consentement de monsieur le Curé, par M. François Boieldieu, prêtre vicaire de la paroisse de Saint-Nicolas, François Adrien, né le jour précédent, du légitime mariage de M. Jacques François Adrien Boieldieu, bourgeois, et de dame Anne Marguerite Dumouchel. Le parrain, M. François Boieldieu, vicaire de Saint-Nicolas, oncle paternel de l'enfant; la marraine, Anne Le Métaye, femme de M. Louis Dumouchel, marchand boucher, grande mère de l'enfant, rue Massacre, de la paroisse de Notre-Dame de la Ronde..." (29).

Tiré du livre de Gaston Favre "Boieldieu, sa vie, son œuvre" . (Paris, Droz, 1948)

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 (1) La commune de Quevauvillers dépend aujourd'hui du canton de Molliens-Vidame (Somme).

(2) Archives départementales de la Somme, F 211.

(3) Ibid., F. 208.

(4) Les Registres Paroissiaux de Quevauvillers (Archives Dép. de la Somme, E. 775-782) ne commencent qu'en 1599. Très incomplets jusqu'en 1629, ils manquent totalement de 1630 à 1682. - Dans les toutes premières années du XVII° siècle, nous y relevons l'existence d'un Adrien Boieldieu et de ses trois enfants: Adrien, baptisé en septembre 1603, Antoine, en avril 1612, et Jeanne, le 7 mars 1613. La survivance des prénoms permet de supposer, avec beaucoup de vraisemblance, que cette famille appartient bien à la lignée des Boieldieu, ancêtre du musicien.

(5) Les Registres de Ventes du début du XVIII° siècle, conservés aux Archives Dép. de la Somme, mentionnent de très fréquentes mises en vente de parcelles de terre appartenant aux Boieldieu.

(6) Plusieurs requêtes de ce musicien sont enregistrées dans les Délibérations de l'Echevinage d'Amiens, datant du 12 avril 1760 et du 22 mai 1772. (Cf. Archives Municipales d'Amiens, registre BB, 86). - Sur cet instrumentaliste, voyez aussi: F. Pouy, Communication relatives à un musicien nommé Joachim Boyeldieu ( Revue des Sociétés Savantes des Départements, 1880, p. 285-287), où figurent le texte intégral d'une de ces requêtes.

(7) Jean Boieldieu, dont il est impossible de retrouver les dates de naissance et de mort par suite des lacunes des Régistres Paroissiaux, épouse, vers 1680, Catherine Foucquesolles. De ce mariage naissent trois enfants. Sur l'acte de décès de sa fille Magdeleine, le 1° décembre 1725, il est porté comme défunt.

(8) Registre Paroissiaux de Saint-Nicolas de Rouen, le 21 juillet 1744 (Archives Municipale de Rouen, Etatcivil.)

(9) Cette profession est mentionnée sur son acte de décès, le 1° octobre 1762. (Régistres Paroissiaux de Saint-Nicolas.)

(10) Sa veuve se remarie le 15 mai 1764, avec Michel Bossoney, natif de Chamonix, diocèse de Genève, habitant Rouen, paroisse Saint-Nicolas. Sans doute ami de la famille, ce Bossoney, deux ana auparavant, le 10 août 1762, avait été le parrain de Michel Prosper, treizième et dernier enfant d'Adrien Boieldieu. (Reg. Parois. de Saint-Nicolas)

(11) Un seul d'entre eux a laissé quelques traces de son activité dans la vie rouennaise de l'époque: Antoine-Adrien-Dauphin, 5° enfant, né en 1750. Nous savons par son acte de mariage, enrigistré le 17 mai 1774 à l'église Saint-Nicolas, qu'il était "maître-menuisier". Devenu veuf, il se remarie le 28 août 1785 à la paroisse Saint-Etienne-la-Grande-Eglise. (Cf. Archives dép; de la Seine-Inférieure, Pièces annexes des actes de mariage, G. 5071.) Les comptes de l'archevêché mentionnent aussi quelques travaux qu'il exécute pour la Chambre du Clergé. Le 2 avril 1772, il touche 30 livres "pour avoir fait et fourni un chartrier en bois de sap" (G. 6110). En 789, il reçoit 9 livres "pour couvertures de livres en bois de chêne" (G. 2627). C'était aussi probablement à lui qu'avait été décerné un accessit de dessin par l'Académie de Rouen en 1770. (Cf. Extrait de la Séance publique de l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Rouen, le 1° août 1770. Distribution des prix de l'Ecole du Dessin, dans le Mercure de France, janvier 1771, p. 176.)

(12) Il est baptisé le lendemain. (CF. Registre Paroissiaux de Saint-Nicolas.)

(13) Le mariage est célébré par François Boieldieu, prêtre, frère du marié. (Cf. Registre Paroissiaux de saint-Etienne-de-la-Ronde, Arch. Munic. de Rouen.)

(14) Cf. Tableau de Rouen, 1775, p. 98 (Machuel, éditeur). -C'est probablement lui qui figurait dès 1759 dans les comptes de l'archevêché, comme "garçon du secrétariat". Le personnel du secrétariat comprenait alors un secrétaire du chapitre, un commis, un deuxième commis et un garçon. (Cf. Archives Départementales de la Seine-Inférieure, G.145 et G. 2442.)

(15) Ses quittances sont conservées dans les papiers de l'archevêché. (Archives Départ. de la Seine-Inférieure, G. 6116 et 6117.)

(16) L'historien rouennais, J. E. Bouteiller a retrouvé dans la liste des sociétaires du Théâtre de l'Eau-de-Robec, un Boieldieu, vraisemblablement J. Fr. Adrien, qui en 1775 jouait les rôles de financiers et de confidents. (Cf. J. E. B., Les Téâtres de société de Rouen,p. 8. Voyez aussi l'article de P. Le Verdier, Le Théâtre de l'Eau-de-Robec, dans La Normandie, mai 1898, p. 198-199.)

(17) Son acte de décès conservé aux Archives de la Seine (état civil) mentionne qu'il habitait à Paris, 38, rue de Grenelle.

(18) Il est baptisé le même jour. (Cf. Registre Paroissiaux de Saint-Nicolas, 24 oct. 1747, Arch. Munic. de Rouen.)

(19) Pendant ses études au Séminaire, il est très bien noté de ses supérieurs. Le Catalogue des Ordinans du Diocèse de Rouen mentionne, en 1771: "Bonne vie, bonnes mœurs" (p. 108. Il est jugé le meilleur de sa promotion (p. 122). (Archives dép. de la Seine-Inférieure, G. 9775.)

(20) Cette dernière nomination est annoncée par le Journal de Rouen du 15 thermidor an X (3 août 1802).

(21) N. N. Oursel, Nouvelle Biographie Normande, I, p. 99.

(22) Un beau portrait, à l'huile, de l'abbé François Boieldieu, est conservé au château de la Prévotière, Maison de retraite de Boieldieu, à Boisguillaume (Seine Inférieure).

(23) Cf. Registre Paroissiaux de Saint-Nicolas, 29 nov. 1757.

(24) Citons encore, parmi ses meilleures œuvres: Valcindor et Florella, ou les Heureux Infortunés, conte moral et didactique (Paris, 1801); Le Siège de Pavie, tragédie (Paris, 1808), et Le Langage de la raison et du sentiment au milieu des erreurs et des préjugés du siècle (1814). Il rédigea aussi une notice sur son neveu mais qui resta inédite, et dont un court fragment a été reproduit dans la Biographie Universelle... (Michaud), nouvelle édition (1854), t. IV, p. 556.

(25) Il habitait rue de Fourcy, n°9. (Cf. Acte de Décès, Archives de la Seine, Etat civil.)

(26) Au N°33, actuellement 61, "à l'encoignure de la rue ci-devant de Saint-Pierre-du-Châtel, aujourd'hui rue Nationale. Maison de bois à deux étage, fort insignifiante, paraissant avoir été construite dans le XVII° siècle" (E. de la Quérière, Description historique des maisons de Rouen, Rouen, 1841, tome II, p. 204.) Conservée à peu près intacte, cette maison est encore habitée à l'heure actuelle.

(27) On relève dans les écrits du temps, de nombreuses formes orthographiques de ce nom, notamment: Boyeldieu, Boyel-Dieu, Boil-Dieu, Boielledieu, Boylldieu. Signalons, à ce propos, que le nom de Boieldieu ne porte pas de tréma, ainsi que le prouvent les cates d'état civil et les signatures du musicien. Dès 1834, Fétis avait relevé cette erreur (Revue Musicale, 19 octobre 1834, p. 329.) En 1875, le fils de Boieldieu et Arthur Pougin ont protesté à nouveau contre cette écriture inexacte. (Voyez la lettre de Pougin adressée au Journal de Rouen, et insérée dans ce périodique le 26 février 1875.)

(28) Cette église se trouvait rue des Cordeliers, le chevet donnait rue saint-Pierre-du-Châtel, au n° 43. Transformée en magasin après la Révolution, il n'en reste plus aujourd'hui que quelques vestiges, dont une sacristie. (Cf. Georges Dubosc, Rouen Monumental au XVII° et au XVIII° siècle, inventaire artistique et archéologique, Rouen, 1897, p. 112.)

(29) Registre de la paroisse Saint-Pierre-du-Châtel, 17 déc. 1775. (Archives Mun. de Rouen, Etat civil.)


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